
Résumé :
La guerre de Troie, mythe fondateur de toute la littérature européenne, commence par la banale histoire d’une reine enlevée à son époux par un autre homme. Mais, prisonnière du camp grec, une autre reine observe le destin du monde se jouer sous ses yeux : Briséis, la captive d’Achille, par qui la guerre basculera.
Presque 3 000 ans plus tard, il est temps d’entendre sa voix – et à travers elle, peut-être, celle de toutes les femmes laissées muettes par l’Histoire et la littérature.
Genre : Mythologie
Parution : Charleston éditions – 25 août 2020
Mon avis :
L’Iliade et l’Odyssée sont souvent considérées comme des récits fondateurs de la culture occidentale. Nous connaissons tous les grandes lignes de ces récits. Une guerre pour la plus belle des femmes, Hélène de Troie, la pomme d’or, Achille et son talon, le cheval, Ulysse qui se paume en mer Méditerranée.
On a tous au moins vu quelques scènes du film Troie avec Brad Pitt en jupette et couvert d’huile. Les étudiants en lettres classiques ou d’histoire antique sont souvent horrifiés par cette adaptation, et la dernière adaptation faite par la BBC et disponible sur Netflix, qui se veut plus sombre, propose également d’autres adaptations qui en ont choqué plus d’un.
Bref, le récit de la chute de Troie a été régulièrement utilisé, adapté, digéré par toute notre Histoire se pliant aux discours que l’on veut lui donner. Mais il est une constance dans ces reprises : le point de vue des femmes est souvent écarté pour laisser la place aux différents héros masculin.
Si on connait Hélène, Andromaque, et Cassandre ce n’est pas le cas de toutes les autres femmes victimes collatérales de cette guerre, de ces raids et de ces “Héros” !
Pat Barker nous offre un nouveau point de vue, celui de Briséis, reine de Lyrnessos, désormais détruite par les troupes d’Achille. Très vite je me suis attachée à ce personnage, subissant la Grande Histoire et luttant pour survivre à toutes dans cette nouvelle vie qui est la sienne. La plume de Pat Barker est directe, nous partageons les pensées de Briséis, ses réflexions et ses prises de positions. Je n’ai pas trouvé qu’elles étaient anachroniques car j’y ai retrouvé des éléments de la culture grecque de “l’époque”. Cependant cela ne m’a pas empêché de me sentir proche d’elle et des autres femmes dont on suit le parcours.
J’ai passé un très bon moment de lecture, même si les thèmes qui y sont abordés sont très durs, je n’ai pas ressenti que l’autrice nous plongeait dans le pathos. On sent qu’elle a voulu donner de la force à Briséis, force qui pourtant ne la rend pas pour autant surhumaine.
En conclusion, je vous invite tous, fan de l’Illiade ou néophyte en mythologie, à vous plonger dans Le silence des vaincues.